L’écologie du baobab

Les baobabs sont originaires de zones climatiques tropicales sèches en Afrique, à Madagascar et en Australie. Ces plantes se sont adaptées à vivre dans des milieux où l’eau manque pendant plusieurs mois consécutifs durant l’année. Mais aussi à survivre à des variations importantes d’une année à une autre. Ces conditions extrêmes et irrégularité ont poussé ces arbres à s’adapter.

Habitats

Les baobabs poussent dans des milieux marqués par l’aridité durant une partie de l’année. Ces arbres se retrouvent dans les savanes et les forêts sèches.

Adansonia digitata pousse dans les milieux où la pluviométrie annuelle est comprise entre 90 mm et 1400 mm de précipitations. Et dont la saison des pluies dure entre 3 et 6 mois. Cette arbre peut ainsi résister à la sécheresse pendant 9 mois.

Aspect de la plante

Les baobabs matures sont remarquables par la forme de leur tronc. Celui-ci est unique et de forme cylindrique ou conique. Ce tronc pachycaule apparait chez les plantes âgées de plusieurs dizaines d’années. Mais l’on peut deviner l’épaississement chez de jeunes plantes, surtout s’il est favorisé par le section du bourgeon terminal.

Adansonia grandidieri
Adansonia grandidieri, ouest de Madagascar. Crédit photographique : Rod Waddington

Chez les sujets matures diamètre à hauteur de poitrine se mesure en mètres. La circonférence d’un baobab peut atteindre 20 mètres et davantage pour les plus gros exemplaire. Un individu d’Adansonia grandidieri a une circonférence de 24 mètres.

Ces le tronc volumineux des baobabs qui permet à ces plantes de survivre à plusieurs mois sans pluie. Plusieurs milliers de litres d’eau sont stockés dans le bois fibreux de ces plantes.

Feuillage et phénologie

Les baobabs sont des arbres à feuilles caduques. C’est-à-dire que la plante perd ses feuilles pour entrer en dormance. Chez le baobab africain, les feuilles peuvent rester en place plus ou moins longtemps en fonction des conditions environnementales. La température et la disponibilité en eau sont des facteurs qui peuvent allonger ou réduire la durée de port des feuilles. Les conditions de culture – arrosage et températures en fin de saison – peuvent retarder ou hater la chute des feuilles.

Floraison et pollinisation des fleurs

Chez le baobab africain

La floraison intervient à partir de 8 à 23 ans. Mais en condition de culture et lorsque le greffage est utilisé, il est possible d’obtenir des plantes qui fleurissent trois ans après leur plantation.

Parmi toutes les espèces de baobabs, l’espèce africaine est la seule à produire des fleurs qui sont pendantes. Elles sont rattachées aux branches par un pédoncule qui mesure entre 10 cm et 1 mètre.

La fleur d’Adansonia digitata s’ouvrent durant une seule nuit. Ces fleurs qui pendent et exhalent une odeur désagréable sont connues pour être visitées par les chauves-souris nectarivores, et plus particulièrement la roussette des palmiers (Eidolon elvum). La forme et la grande taille de la fleur permet un arrimage facile de l’animal. Le nectar est produit en abondance et est une source d’eau et en glucides. Le pollen est aussi consommé par la chauve-souris. Il est un riche en protéines.

Chaque nuit, plusieurs fleurs éphémères s’ouvrent. Et ce phénomène se prolonge pendant plusieurs semaines.

Les chauves-souris qui visitent les fleurs d’Adansonia digitata semblent être essentiellement des mâles. L’attractivité des fleurs et la sélectivité du pollinisateur seraient liées à la diffusion de phéromones sexuelles semblable à celle produite par les chauves-souris femelles. Il faut ajouter que la période de reproduction des roussettes des palmiers coïncide avec la floraison d’Adansonia digitata.

Les étamines – organes mâles de la fleur – sont plus de 200 et jusqu’à un millier. Le style – organe femelle – est recourbé vers l’extérieur pour favoriser la fécondation croisée. C’est-à-dire la réception de pollen d’une autre fleur portée par un autre arbre.

fleur Adansonia digitata
Fleur d’Adansonia digitata, arbre cultivé au Viet-Nam. Crédit photographique : Lưu Ly.

Chez les baobabs malgaches

Les fleurs des baobabs sont de couleur différentes entre les espèces. Leur examen permet de distinguer les espèces. Cette identification est pratiquée par les botanistes qui visitent des sites naturels sur Madagascar où plusieurs espèces peuvent cohabiter sur une même zone. L’aspect de la plante ne permet pas toujours de déterminer avec certitude son espèce.

Les espèces malgaches sont divisées en deux sections en fonction de la longueur des étamines.

  • La section Longitubae – dont les 200 à 300 étamines varient de 10 à 20 cm – regroupe Adansonia madagascariensis, Adansonia perrieri, Adansonia rubrostipa et Adansonia za.
  • La section Brevitubae – dont les très nombreuses étamines (jusqu’à 700) mesurent entre 4 et 8 cm – Adansonia grandidieri et Adansonia suarezensis.

Les époques de floraison différents entre les espèces. Celles de la section Longitubae se déroule surtout durant la saison des pluies (décembre à avri). Alors que les floraisons des deux espèces de la section Brevitubae ont lieu durant la saison sèche (juillet et août). Rappelons que Madagascar se trouve dans l’hémisphère sud et que les saisons sont inversées par rapport à l’hémisphère nord.

Les fleurs des baobabs de Madagascar attirent de nombreux pollinisateurs durant la nuit. Des sphinx, papillons actifs la nuit et au crépuscule et des chauves-souris qui sont aussi présentent sur Madagascar. Les fleurs s’ouvrent en fin d’après-midi ou au début de la nuit, puis restent ouvertes durant plusieurs jours. En journée, les fleurs de Adansonia grandidieri sont visitées en grand nombre par des insectes de l’ordre des Hyménoptères, comme des abeilles mellifères (Apis mellifera). Mais aussi des Coléoptères, telles que des cétoines.

Sur tous les baobabs malgaches, les grains de pollen produits par les étamines sont caractéristiques des espèces pollinisées par des animaux. Ils sont de grande taille, leur surface est verruqueuse – couverte de structures semblables à des picots – et ils sont enduits d’une substance collante qui permet une meilleure adhérence.

Fleur Adansonia za
Fleur d’Adansonia za sur un arbre cultivé en Floride. Crédit photographique : Scott Zona.

Les espèces de baobab dont les étamines sont longues (section Longitubae) semblent instaurer une relation de mutualisme avec des papillons. Ce qui n’empêche pas d’autres animaux de les visiter. L’odeur de leur fleurs est agréable et la production de nectar est peu abondante.

Par contre, les espèces aux étamines courtes (section Brevitubae) dépendent vraisemblablement des chauves-souris (comme Pteropus rufus et Eidolon dupreanum) et de petits lémuriens nocturnes (famille des cheirogaleidés : Microcebus griseorufus, Phaner furcifer, Cheirogaleus medius, Lepilemur sp.,…) pour effectuer le transport du pollen d’une fleur à une autre. Ce qui n’exclu pas pour autant les papillons nocturnes. L’odeur de leur fleur n’est pas agréable et le nectar est produit en grande quantité.

Ainsi la morphologie de la fleurs oriente la relation vers un pollinisateur spécialisé. Mais elle n’exclue pas pour autant d’autres animaux. Notons que tous les visiteurs de fleurs ne sont pas pour autant des pollinisateurs efficaces. Certains viennent simplement se nourrir de la fleur ou de son nectar, sans jouer le rôle de pourvoyeur de pollen. Les populations de pollinisateur – espèces présentent sur un site et densité – vont aussi dépendre de l’état du milieu.

Dans des zones anthropisées et dégradées, certains pollinisateurs seront moins nombreux. C’est le cas des lémuriens qui préfèrent les forêts non perturbées et sont rares dans les forêts dégradées.

Fructification

Après fécondation, les fleurs vont se transformer en fruit. Ce processus peut durer 6 mois pour Adansonia digitata. Chaque année, un baobab africain peut produire plusieurs dizaines ou centaines de kilogrammes de fruits. Mais les rendements par plante sont très fluctuants d’une année sur l’autre.

La couche la plus externe du fruit – nommée épicarpe – est lignifiée. Elle est alors dure et rigide. L’intérieur du fruit – que l’on nomme endocarpe – est une pulpe blanche parcourue par des fibres. Au sein de cette pulpe se trouve les graines.

fruits adansonia digitata
Fruits d’Adansonia digitata. Crédit photographique : Ollivier Girard/CIFOR.

Dispersion des graines

Les fruits des baobabs sont consommés par de nombreux animaux : insectes, oiseaux, singes, rongeurs, éléphants,… Et la dispersion des graines dépend en grande partie des animaux qui viennent se nourrir de la pulpe des fruits. On parle de zoochorie. En Afrique, le fruit d’Adansonia digitata est nommé pain de singe.

En règle générale, les fruits de grande taille sont plus efficacement dispersé par les animaux de grande taille. Mais l’eau pourrait aussi jouer un rôle, car les fruits secs de baobab flottent.

À Madagascar, la disparition ou la raréfaction de certaines espèces consommatrices de la pulpe des fruit serait responsable de la diminution du nombre des jeunes baobabs. Les agents disperseurs éteints seraient entre autres : les oiseaux éléphants (genre Aepyornis), les tortues géantes (genre Aldabrachelys) et de grands lémuriens (genre Archaeolemur).

Mais il ne faut pas exclure l’action des animaux introduits et actuellement nombreux, comme les zébus et les potamochère. L’Homme lui-même aurait pu intervenir dans la dynamique de recrutement en plantant des baobabs autour des villages. Car ces arbres sont parfois plus communs au sein des peuplements humains.

Les mandibules des animaux disperseurs – espèces éteintes ou survivantes – doivent permettre d’ouvrir les coques dures des fruits. La grosseur des graines doit être adaptée à l’oesophage et au reste du tube digestif de ces animaux.

Des espèces de baobabs actuellement menacées – et dont les pourvoyeurs de graines ont disparu ou sont moins nombreux – seraient en sursis et ne doivent leur survie qu’à l’extrême longévité des arbres.

Il faut aussi à cela ajouter l’impact du réchauffement climatique et en particulier de la désertification sur la levée des graines et la croissance des jeunes plantes. Dans certaines zones, le climat actuel ne permet plus le renouvellement des populations.

Références bibliographiques